L’alchimie et la science moderne

Les scientifiques contemporains considèrent l’alchimie comme une pratique révolue empreinte d’ésotérisme. Il est vrai qu’aucun laboratoire digne de ce nom n’oserait se lancer dans une expérience de transmutation des métaux en suivant les recettes des grimoires laissés par les alchimistes.

Pourtant les astrophysiciens savent que la transmutation est un phénomène banal dans notre univers.

Certaines étoiles, comme notre soleil, sont de véritables fours alchimiques transmutant par fusion l’ hydrogène en hélium. De même, les supernovas ont créées l’ensemble de tous les éléments chimiques qui existent dans notre univers.

Le carbone, l’oxygène et tous les éléments qui constituent les briques de nos cellules ont un jour été fabriqués dans une supernova. Notre corps est par conséquent constitué de poussières d’étoiles.

Ces transmutations effectuées dans le cosmos ne peuvent se réaliser qu’à des températures avoisinant les millions de degrés. Les chocs entre les noyaux des atomes doivent être d’une violence extrême pour que les protons et les neutrons se recombinent et donnent naissance à un nouvel élément chimique. Il est donc théoriquement impossible d’effectuer une transmutation dans un four alchimique.

Les alchimistes auraient-il trouvé un moyen d’effectuer une fusion à froid?

En chimie traditionnelle, il existe des catalyseurs qui autorisent des réactions à une température inférieure à celle qui est requise normalement. Notre corps utilise des enzymes pour dissocier chimiquement la nourriture afin que les éléments nutritifs soient extraits à la température interne de notre corps. Mais ces réactions n’affectent pas le noyau des atomes et sont purement chimiques. La transmutation est plutôt du domaine de la physique nucléaire.

Officiellement, le premier scientifique a avoir réussi une transmutation est Ernest Rutherford. Il constata que les rayons alpha du radium étaient capables de transmuter de l’azote en oxygène. En 1919, cette expérience fit grand bruit car elle prouvait que la transmutation était possible.

Aujourd’hui la fusion froide est prise au sérieux par un nombre croissant de scientifiques. A titre d’exemple, voyez le rapport suivant d’une conférence tenue au Japon en 2005:

http://www.jeanpaulbiberian.net/iccf12.htm

Grand-Place, la deuxième opération alchimique

La deuxième opération est illustrée sur les façades des maisons situées entre la rue de la colline et la rue des harengs.

Elle commence par la maison de droite: la maison du cerf volant.

L’enseigne au dessus de la porte représente bien un cerf:

Mais ce n’est pas l’enseigne originale. Celle-ci se trouve rue de la colline. C’est un bas-relief incrusté dans le mur:

Un cerf est poursuivi par un chien. Ses pattes ne reposent pas sur le sol. Il a l’air de voler. Ce détail est important car le cerf volant symbolise le mercure des alchimistes ( cervus  fugitivus ) ou le principe femelle de l’oeuvre.

A noter que le cerf volant était l’emblème de Charles VI. Ce roi de France était alchimiste et a écrit un traité: voir extrait par le lien.

Aux numéros 21 et 22, voici les maisons de Joseph et Anne:

Elles symbolisent l’union du principe mâle et du principe femelle, c’est à dire l’union du soufre et du mercure.

La Grand Place de Bruxelles alchimique- première partie

Paul de Saint-Hilaire dans son ouvrage  » Bruxelles mille ans de mystères » affirme que  la Grand Place révèle par divers symboles les opérations permettant de découvrir la pierre philosophale.

Pour rappel la voie sèche ou courte qui est illustrée sur la Grand Place comprend sept étapes, sept étant semble-t-il le chiffre récurrent en alchimie.

Newton qui était obsédé par le grand oeuvre ne voyait-il pas sept couleurs dans la composition de la lumière solaire ?. ( Voir le documentaire de la BBC qui révèle que le savant était aussi alchimiste : Newton the dark heretic.)

Il semble d’ailleurs que Bruxelles ait des affinités avec le chiffre sept.

En 1306 une charte reconnaît sept familles souches bruxelloises. Il fallait en faire partie pour briguer un des sept mandats d’échevin de la ville. En 1646 Erycius Puteanus représente ces lignages par cette gravure ( extrait de Bruxella Septenaria )

Pour info site des descendants http://www.lignagesdebruxelles.be/

Saint-Hilaire voit dans la gravure de Puteanus la rose aux sept pétales des alchimistes. Chaque pétale symbolise un métal, une planète et un archange.

La première enceinte de Bruxelles comptait sept portes. Chaque famille souche possédait une des clefs.

1- La porte noire ou de Malines

2- La porte Sainte Catherine

3- La porte Saint Jacques ou d’Overmolen

4- Steenpoort

5- La porte de Coudenbergh

6- La porte Sainte Gudule ou Treurenberg

7- La porte aux herbes potagères ou Warmoesbroek

Chaque porte conduit vers la Grand-Place où trône l’archange St Michel équivalent au mercure chez les alchimistes.

En tout cas, le chiffre sept est bien présent dans l’environnement de la Grand Place:

Sept rues aboutissent sur le lieu ( rue des chapeliers, rue de l’étoile, rue de la tête d’or, rue au beurre, rue chair et pain, rue des harengs et rue de la colline ).

Trois blocs d’édifices sont divisés en sept maisons:

Le bloc compris entre la rue de la colline et la rue des harengs:

Le bloc compris entre la rue au beurre et la rue de la tête d’or:

Et le bloc entre la rue au beurre et la rue chair et pain:

L’ édifice des ducs de Brabant ( entre la rue de la colline et la rue des chapeliers ) comprends 9 maisons. Toutefois Saint-Hilaire affirme que les deux dernières maisons à droite font partie de l’étape correspondant au bloc des cinq maisons entre la rue des chapeliers et la rue de l’étoile.

 

 

 

La Grand Place de Bruxelles alchimique – 2ième partie

Comme expliqué dans mon premier article le chiffre sept est récurrent dans l’histoire de Bruxelles. Mais cela ne suffit pas à prouver que la Grand-Place soit un grimoire alchimique à ciel ouvert. Il faudrait que la construction des édifices ait été gérée par un groupe d’initiés veillant à la mise en place de la symbolique alchimique sur les diverses façades. Jean van Win, dans son livre  » Bruxelles maçonnique » prétend que c’était impossible, vu le nombre d’intervenants sur les différents chantiers.

C’est vrai que la Grand-Place d’aujourd’hui est le résultat de nombreux travaux qui s’échelonnent sur différentes époques. La plaque commémorative qui se trouve sous les arcades de la maison de l’étoile en témoigne:

Il existe cependant dans l’histoire de la Grand-Place un moment privilégié où il aurait été possible de concevoir un plan d’ensemble puisqu’en 1695 le maréchal de Villeroy ( le plus stupide des officiers de l’armée de Louis XIV ) bombarda le centre de la ville. Comme la plupart des maisons de la Grand-Place étaient construites en bois, un énorme incendie acheva d’anéantir le lieu.

Pour des infos complètes sur l’histoire du bombardement de Bruxelles, voir l’article de wikipedia:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Bombardement_de_Bruxelles_de…

Malgré l’ampleur de la catastrophe, la Grand-Place fut reconstruite en moins de cinq ans, encore plus belle qu’avant. C’était un véritable exploit nécessairement géré par un maître d’oeuvre hors pair. Il semblerait d’après Saint-Hilaire que l’architecte principal fut Guillaume Debruyn:

« On peut considérer Guillaume Debruyn (1649-1719) comme l’auteur de la Grand-Place, et plus spécialement de son décor symbolique. »

La Grand-Place de Bruxelles alchimique – 4ième partie – Eglise St Nicolas

L’église St Nicolas va nous révéler d’autres secrets:

Sur la droite de l’autel St Nicolas, se dresse une statue de Sainte Barbara:

En réalité, il s’agit de Sainte Barbe patronne de tous les métiers liés au feu et donc la patronne des alchimistes. Elle était censée les protéger des explosions de l’athanor ( four des alchimistes ).

Aux pieds de la sainte, on remarque une tour. Selon la légende, cette tour symbolise son adhésion à la sainte trinité ( remarquez les trois fenêtres ).

Les alchimistes reconnaîtront l’athanor plutôt que la tour.

Image extraite de De alchimia libri tres

A côté de la statue de Sainte Barbe, un lambris nous indique symboliquement le but de l’alchimie:

Au centre l’apôtre Simon qui allait être nommé Pierre:

 

« Et moi, je te dis que tu es Pierre et que, sur cette pierre, je bâtirai mon Église et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elles. Je te donnerai les clés du royaume des cieux : ce que tu lieras sur terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur terre sera délié dans les cieux. » [Matthieu, 16, 18-19]

 

Cette phrase est étrangement proche de la première phrase de la table d’émeraude d’ Hermes Trismégiste, le père de l’alchimie:

 » Il est vrai, sans mensonge, certain, & très véritable. Ce qui est en bas, est comme ce qui est en haut : et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour faire les miracles d’une seule chose »

L’alchimie ne vise pas seulement à obtenir la Pierre philosophale qui transforme le plomb en or. Cette pierre est l’étape indispensable pour créer l’elixir de longue vie qui rend immortel.

Les panneaux latéraux du lambris rappellent cette quête d’immortalité. Remarquez le sablier ailé en haut. Il symbolise la chute éternelle du temps, notre destinée vers une mort inéluctable. Mais il peut se renverser et le sable qui était descendu en bas peut se retrouver au dessus ( de nouveau allusion à la première phrase de la table d’émeraude ).

En bas du panneau un bien curieux crâne coiffé d’une couronne de laurier. Arbustre consacré à Apollon, le laurier symbolise l’immortalité acquise par la victoire.

La Grand-Place de Bruxelles alchimique – 5ième partie – Eglise St Nicolas

Les crânes à la couronne de laurier nous renvoient tout naturellement vers l’autel de notre dame de la paix situé au bout de la nef latérale gauche. Au dessus de la vierge de facture classique, un personnage féminin assis sur un globe nous tend une couronne de … laurier:

Une bannière est posée sous la statue avec l’inscription:

A PESTE, FAME ET BELLO, LIBERA NOS, MARIA PACIS

Ce qui signifie: De la peste, de la famine et de la guerre, délivrez-nous Notre Dame de la Paix.

Cette phrase nous rappelle qu’en 1489, la peste fit 30,000 victimes à Bruxelles. Elle fut suivie par une famine qui ne cessa qu’après l’abondante récolte de 1493.

En 1625, l’infante Isabelle fit placer une statue de la Vierge sur la façade de la Maison du Roi avec cette même phrase. Cette inscription en lettres dorées a disparu mais il nous reste une gravure tirée du livre de Puteanus:

Notez une autre inscription en latin au premier étage du bâtiment:

hIC VotVM paCIs pVbLICae eLIsabet ConseCra VIt

C’est un chronogramme qui donne l’année 1625 après décodage.

Mais le plus important pour notre quête alchimique, c’est qu’après la reconstruction de la Grand-Place ( suite au bombardement de Villeroi en 1695 ), une horloge a été placée en 1763 avec l’inscription:

SIT PATRIAE AUREA QUAEVIS

Que pour la patrie , tout se change en or !!

La Grand-Place de Bruxelles alchimique – 6ième partie – La fontaine des trois pucelles

La fontaine située rue au beurre au sortir de l’église St Nicolas mérite notre attention:

En fait, elle n’a rien à voir avec la fontaine qui était au même endroit au 16 ième siècle et qui rappelait à l’initié la quête alchimique de l’ élixir de longue vie.

Voici une gravure de la fontaine qui était en place en 1579: la fontaine des trois pucelles:

Cette gravure rappelle l’épisode de la profanation des vêtements de l’ église St Nicolas par les Hollandais calvinistes.

Cette fontaine était constituée de trois niches abritant chacune une statue de femme nue . L’eau de la fontaine jaillissait par leurs seins.

Voilà un parallélisme saisissant avec une gravure tirée d’un traité d’alchimie de 1693: Le lait de la vierge ou suc mercuriel symbolise l’antimoine.


Ou cette autre gravure sur la fontaine mercurielle:

 

 

Grand-Place – La première opération alchimique

Après être passé devant la fontaine des trois pucelles, le « cherchant » se dirige vers la Grand-Place par la rue au beurre.

Il passe devant la maison dite  » notre dame de la paix  » et peut admirer l’enseigne . C’est un rappel pour le profane qui aurait oublié de visiter l’église St-Nicolas et en particulier la chapelle consacrée à Maria Pacis. Son ventre est orné d’un soleil rayonnant symbole de l’or. Deux cornes d’abondance l’entourent. Elles signifient la réussite du Grand-Oeuvre.

Remarquez les deux rameaux d’acacia à gauche. L’acacia est le symbole solaire de renaissance et d’immortalité. Cet arbustre est fait d’un bois presque imputrescible. Il aurait été utilisé pour la fabrication de l’Arche d’alliance.

La maison suivante est la maison de l’âne. Hélas, l’enseigne a disparu.

On retrouve la figure de l’âne dans le traité d’alchimie « Della transmutatione metallica » de Giovanni Battista Nazari:

L’âne représente le profane qui doit brouter les roses pour se transformer en homme ( livre des métamorphoses d’ Apulée ).

Il tourne le dos à la corne d’abondance, car il n’est pas encore initié au grand oeuvre. Notre âne joue de la flûte. Il est insouciant comme les singes qui forment une ronde. Le singe en alchimie symbolise le profane inconscient, l’apprenti sorcier.

Tout le monde se souvient de l’histoire illustrée musicalement par Paul Dukas et du dessin animé réalisé par Walt-Disney. Cette histoire nous rappelle que l’apprenti prend des risques s’il n’est pas suffisamment initié et qu’il veut aller trop vite en l’absence du maître. Dukas s’est lui-même inspiré de la ballade de Goethe – alchimiste s’il en est…Voir le lien

La symbolique de l’âne se retrouve dans d’autres contes initiatiques. Pinocchio fut transformé en âne pour avoir préféré le pays des jouets à l’école. Or cette marionnette en bois avait à suivre l’enseignement de la fée bleue pour se transformer en petit garçon en chair et en os. L’alchimiste cherche aussi à se transformer et en tant que profane il risque de rester un âne s’il ne persiste pas dans sa quête.

Il n’y a pas si longtemps, l’élève récalcitrant était coiffé d’un bonnet d’âne pour souligner son indiscipline.

Mais l’âne est aussi l’animal compagnon de St-Nicolas ( patron des alchimistes ). Il aide le saint homme à transporter les jouets destinés aux enfants sages.

C’est encore l’âne que l’on retrouve dans la crêche traditionnelle chrétienne. Il aidera la sainte famille lors de l’épisode de la fuite en Egypte et c’est monté sur une ânesse que Jésus fit son entrée à Jérusalem.

Avançons dans notre promenade initiatique:

La maison suivante au numéro 38 est la maison « Sainte Barbe ». C’est la patronne de tous les métiers liés au feu. Nous l’avons déjà rencontré dans l’église St Nicolas. L’enseigne est de style moderne:

Cette enseigne pourrait nous indiquer qu’il est temps d’allumer l’athanor ( four des alchimistes ).

La maison du chêne et la maison du petit renard sont sous le même toit:

Malheureusement, les enseignes ont disparu.

La symbolique du chêne n’est pas celle qu’on croit. En alchimie, le chêne représente le tonneau dans lequel la matière première est mise à pourrir. Quant-au renard, il symbolise le soufre. Le fait que ces deux maisons partagent le même toit peut laisser à penser qu’il faut mélanger le soufre à la matière première fermentée.

Pour être complet sur la première opération,  il reste à explorer les façades de la maison du paon et de la maison du heaume.

L’enseigne de la maison du paon est située au balcon du premier étage:

En alchimie, le paon qui fait la roue symbolise le vitriol ( acide sulfurique ).

Extrait d’un article de wikipedia sur le vitriol:

 » Les rosicruciens donnent au terme « vitriol » une signification ésotérique, en l’interprétant comme un acronyme : Visita Interiora Terrae Rectificandoque Invenies Occultum Lapidem qui signifie « Descends dans les entrailles de la terre et en distillant (littéralement: en rectifiant) tu trouveras la pierre cachée » (les rosicruciens voient dans cette « pierre cachée » le « moi profond » de l’initié).6 Cette phrase est encore utilisée de nos jours dans les rituels de certaines sociétés initiatiques, en particulier la franc-maçonnerie. On peut remplacer les derniers mots par Oleum Limpidum « une huile limpide », ce qui est plus proche de l’objet de la présente notice. Quoi qu’il en soit, la préparation des premiers alchimistes consistait à chauffer des sulfates naturels à température élevée, puis à dissoudre dans l’eau le trioxyde de soufre ainsi formé. »

On retrouve le paon sur la planche 3 du « mutus liber  » ( livre muet des alchimistes ) :

Quant-à la maison dite  » le heaume « , elle possède deux enseignes représentant un groupe d’ enfants.

En alchimie, le heaume symbolise l’acier des philosophes qui est obtenu à la fin de la première opération.

La représentation d’enfants n’est pas innocente.

Dans un ouvrage de Trismosin, précepteur de Paracelse, on peut lire que  » l’alchimie est par excellence comparée aux jeux des petits enfants parce que tout art est justement nommé jeu: ludus puerorum «