La Grand-Place de Bruxelles alchimique – 3ième partie – Eglise St Nicolas

Je vous invite à suivre le parcours alchimique de la Grand-Place tel que suggéré par Paul de Saint-Hilaire.

L’adepte était censé pénétrer dans Bruxelles par la porte Ste Catherine ( ancien port de la ville ). Ce qui le ménerait tout droit vers l’église Saint Nicolas avant d’accèder à la Grand-Place par la rue au beurre.

L’initié est invité à entrer dans l’église et découvre à l’entrée un Christ au pied doré:

Il est d’usage de caresser le pied de la main droite. Geste qu’il faudra répéter à la fin du parcours alchimique mais cette fois sur le bras du gisant qui se trouve sous les arcades de la maison de l’étoile:

Mais revenons à l’église Saint Nicolas et allons voir l’autel dédié au saint patron des enfants.

Sous les pieds de Saint Nicolas remarquez  trois petits enfants:

Sans doute allusion à la légende des enfants au saloir:

« Ils étaient trois petits enfants qui, s’en allaient glaner aux champs, » comme dit la chanson, « Perdus, ils demandèrent l’hospitalité chez un boucher qui ne trouva rien de mieux que de les tuer, les découper et les mettre au saloir.

Saint-Nicolas vint à passer sept ans plus tard et demanda à son tour l’hospitalité. Il insista pour manger le petit salé préparé sept ans plus tôt. Le boucher s’enfuit et Saint-Nicolas ressuscita les trois enfants. »

D’autres histoires mettent en évidence le saint et le chiffre trois:

La légende des trois officiers

La légende des trois pucelles dont la fontaine se trouvait entre l’église et la grand-place, mais que la pudibonderie autrichienne obligea à cacher aux yeux du peuple. L’eau jaillissait de leurs seins. On racontait à l’époque qu’en jetant une pièce d’or dans la fontaine, il était possible de retrouver sa virginité.

Mais il suffit de lever les yeux au dessus de l’autel pour se convaincre que la trinité est vraiment présente:

Bon et alors ? Tout cela a l’air bien normal dans une église catholique. La trinité c’est le père, le fils et le saint esprit. L’oeil qui voit tout dans le triangle c’est Dieu tout simplement. Quel est le rapport avec l’alchimie ?

Il est bon de rappeler que le symbole du triangle rayonnant est partagé par d’autres institutions comme par exemple la franc-maçonnerie et que son origine est probablement liée à la mythologie égyptienne. Le triangle symbolise Isis, Osiris et Horus. L’oeil est celui d’Horus.

Pour info, le musée d’art et d’histoire du cinquantenaire à Bruxelles possède une petite  pyramide sculptée datant de l’ Egypte ancienne. Au sommet un soleil rayonnant ou peut-être un oeil stylisé.

Le triangle rayonnant se retrouve aussi dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. On ne peut pas dire que les révolutionnaires français étaient de fervents catholiques. Ils avaient instauré  le culte de l’être suprême afin de déchristianiser la France.

Pour l’alchimie la trinité est synonyme de Grand-oeuvre. Le travail alchimique se divise en trois phases: l’oeuvre au noir, l’oeuvre au blanc et l’oeuvre au rouge. Pour l’alchimiste tout corps est constitué de trois substances: le soufre, le mercure et le sel:

« Parmi toutes les substances, il en est trois qui donnent à chaque chose leur corps, c’est-à-dire que tout corps consiste en trois choses. Les noms de celles-ci sont : Soufre, Mercure, Sel. Si ces trois choses sont réunies, alors elles forment un corps (…). La vision des choses intérieures, qui est le secret, appartient aux médecins. (…) Prenez l’exemple du bois. Celui-ci est un corps par lui-même. Brûlez-le. Ce qui brûlera, c’est le Soufre ; ce qui s’exhale en fumée, c’est le Mercure ; ce qui reste en cendres, c’est le Sel. (…) Ce qui brûle, c’est le Soufre ; celui-là [le Mercure] se sublime, parce qu’il est volatil ; la troisième Substance [le Sel] sert à constituer tout corps. »

extrait de Paracelse, Liber paramirum (1531), Livre I : « Des causes et origines des maladies provenant des trois premières Substances », chap. 2 : Œuvres médico-chimiques ou Paradoxes. Liber paramirum, trad. de l’all. J. Grillot de Givry (1913), Milan, Archè, coll. « Sebastiani », 1975, t. 1 p. 158-161.

Si le sel constitue tout corps, on comprend mieux la légende des trois enfants au saloir… Et si St Nicolas a attendu sept ans pour redonner vie aux trois enfants, c’est que le chiffre sept est aussi un chiffre alchimique…

Notez aussi qu’il y a sept anges autour du triangle rayonnant.

Saint-Hilaire fait remarquer qu’ une tête de mort est posée sur le genou de l’ange inférieur gauche. Il symboliserait une des étapes de l’ oeuvre alchimique: la putréfaction de la matière première:

 

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